Partie 3 : Kosen rufu et la paix mondiale
Chapitre 21 : Une vie consacrée à kosen rufu [21.5]

21.5 Kosen rufu est un flot incessant

Le président Ikeda explique que kosen rufu n’est pas l’aboutissement d’un processus ; c’est le processus lui-même. La mission de la Soka Gakkai est, dit-il, de mener sans cesse les êtres humains vers le bonheur et de conduire la société et le monde vers la paix et la prospérité, à partir des principes bouddhiques de respect de la dignité de la vie et de revitalisation de l’esprit humain.

Dans son écrit La réalité ultime de tous les phénomènes, Nichiren déclare :

« Il ne devrait pas y avoir de discrimination entre ceux qui propagent les cinq caractères de Myoho-renge-kyo1 à l’époque de la Fin de la Loi, qu’ils soient hommes ou femmes. S’ils n’étaient pas des bodhisattvas surgis de la Terre2, ils ne pourraient pas réciter le Daimoku [Nam-myoho-renge-kyo]. D’abord, seul Nichiren a récité Nam-myoho-renge-kyo, puis deux, trois, cent personnes ont suivi, l’ont récité et l’ont enseigné aux autres. La propagation se déroulera de la même façon dans l’avenir. N’est-ce pas ce que signifie “surgir de Terre” ? À ce moment-là, quand la Loi se sera propagée largement [kosen rufu], le Japon entier récitera Nam-myoho-renge-kyo, aussi sûrement qu’une flèche pointée vers la terre ne peut manquer sa cible. » (cf. Écrits, 389)

Nikko Shonin [disciple et successeur direct de Nichiren] nous a lancé cette exhortation dans ses Vingt-Six Admonitions : « Jusqu’à ce que kosen rufu soit réalisé, propagez la Loi au mieux de vos capacités sans donner votre vie à contrecœur. » (GZ, 1618, [GZ, nouvelle édition, 2196])

D’innombrables passages des écrits de Nichiren appellent à la réalisation de kosen rufu. Si nous nous considérons comme disciples de Nichiren, alors nous devons nous consacrer avec un esprit dévoué et énergique à transmettre la Loi merveilleuse et à réaliser kosen rufu. Nous ne devons jamais perdre de vue que le but fondamental de la Soka Gakkai est de transmettre largement le bouddhisme des Trois Grandes Lois cachées3 de Nichiren. Nous devons prendre à cœur l’admonition de Nikko Shonin citée ci-dessus et la considérer comme le fondement éternel et immuable de l’esprit de notre organisation.

J’aimerais dire clairement ici que kosen rufu ne désigne pas nécessairement un but spécifique et déterminé.

Nichiren écrit : « Puisque la compassion de Nichiren est vraiment grande et capable de tout inclure, Nam-myoho-renge-kyo se propagera pendant dix mille ans et plus encore, pour toute l’éternité […]. » (Écrits, 742) Il indique par ces mots que le flot de kosen rufu – c’est-à-dire une vaste transmission – se poursuit à l’infini et sans aucune interruption. Kosen rufu n’est pas un aboutissement ; c’est le flot lui-même, le cours intense, à travers la société et dans le monde, de ce bouddhisme vivant.

Nos activités pour kosen rufu ont pour objectif de diffuser le bouddhisme des Trois Grandes Lois cachées de Nichiren dans le monde d’aujourd’hui et d’alimenter chacun avec cette source de vie rafraîchissante. Elles visent à permettre à chaque être humain de parvenir à un bonheur indestructible dans la vie et, ainsi, à bâtir une société pacifique et prospère idéale.

En d’autres termes, nos activités pour kosen rufu, nos efforts pour transmettre la Loi merveilleuse constituent une lutte des plus fondamentales pour revitaliser les êtres humains et établir fermement dans la société un esprit de respect de la dignité de la vie.

Dans Sur la pratique telle que le Bouddha l’enseigne , Nichiren écrit :

« “Le Sûtra du Lotus est l’enseignement du shakubuku, la réfutation des doctrines provisoires4.” Comme le disent littéralement ces paroles d’or, les croyants des enseignements et écoles provisoires [du bouddhisme] seront tous vaincus jusqu’au dernier et rejoindront les partisans du roi du Dharma [le Bouddha]. Le temps viendra où tous les gens abandonneront les véhicules de toutes sortes [les enseignements antérieurs au Sûtra du Lotus] pour adopter le Véhicule unique de la bouddhéité [le Sûtra du Lotus], et seule la Loi merveilleuse fleurira dans tout le pays. Quand tous les êtres humains réciteront Nam-myoho-renge-kyo, le vent ne tourmentera plus les branches et la pluie ne brisera plus les mottes de terre. Le monde redeviendra ce qu’il était à l’époque de Fu Xi et de Shen Nong [rois légendaires]. Dans leur existence présente, les gens seront libérés du malheur et des désastres et apprendront l’art de mener de longues vies. Soyez conscients que le moment viendra où sera révélée cette vérité, à savoir que la personne [du Bouddha] comme la Loi sont sans âge et éternelles. Il ne peut y avoir le moindre doute concernant la promesse du Sûtra : “[Tous] jouiront de la paix et de la sécurité dans leur existence présente.” » (Écrits, 396)

Il importe en outre d’avoir conscience que la réalisation de la paix dans le pays, c’est-à-dire la construction d’une société idéale, ne se limite pas à l’épanouissement d’un seul pays, le Japon. Dans son traité Sur l’établissement de l’enseignement correct pour la paix dans le pays, Nichiren écrit :

« Si aujourd’hui l’ensemble des quatre catégories de croyants [moines, nonnes, laïcs hommes et femmes], à l’intérieur des quatre mers et des dix mille pays, pouvait seulement cesser d’offrir des aumônes aux mauvais moines pour au contraire se rallier aux bons, alors comment pourrions-nous être tourmentés par de nouveaux troubles ou assaillis par les désastres ? » (Écrits, 25)

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« Vous devez donc rapidement réformer les doctrines que vous détenez dans votre cœur et adopter le seul vrai véhicule, l’unique vérité [du Sûtra du Lotus]. Si vous agissez ainsi, alors le monde des trois plans5 [où nous résidons] deviendra la terre de bouddha, et comment une terre de bouddha pourrait-elle jamais décliner ? Les régions dans les dix directions deviendront toutes des royaumes du trésor, et comment un royaume du trésor pourrait-il jamais connaître la souffrance ? » (Écrits, 27)

Et, dans Sur la réception des Trois Grandes Lois cachées, il fait référence aux « personnes des trois pays […] et à tous les habitants du Jambudvipa. » (WND-II, 987)

Les « trois pays » sont l’Inde, la Chine et le Japon, alors que le « Jambudvipa » désigne le monde entier. Le « monde des trois plans » désigne les six voies6, le monde saha7 et le monde entier. Les « quatre mers et les dix mille pays » désignent l’ensemble de la planète.

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J’aimerais souligner ici l’importance de faire du XXIe siècle à venir un siècle de la vie. L’humanité doit prendre l’initiative de créer les conditions d’une telle époque.

En termes simples, un siècle de la vie désigne une ère, une société, une civilisation fondées sur le respect de la dignité de la vie. Le respect de la dignité de la vie signifie que la vie des êtres humains, leur dignité et leur bonheur personnel ne doivent en aucun cas être exploités ou sacrifiés dans le but de satisfaire d’autres fins. Je parle ici d’une société et d’une civilisation qui se fondent sur un engagement ferme à faire tous les efforts possibles pour soutenir la vie des êtres humains, leur dignité et leur bonheur, et à ne jamais les utiliser comme moyen pour atteindre d’autres objectifs ou accomplir d’autres desseins.

Si l’on ne fait pas des efforts acharnés pour faire du respect de la dignité de la vie le principe moteur de la création du monde de demain, on court le grave danger de voir le XXIe siècle devenir le siècle de la destruction. Par ses activités, la Soka Gakkai constitue un grand mouvement de personnes ordinaires unies dans le combat pour faire s’épanouir la paix et la culture et engendrer un siècle de la vie.

D’après un cours sur le traité Sur l’établissement de l’enseignement correct pour la paix dans le pays, publié en japonais en juillet 1977

La sagesse pour créer le bonheur et la paix est une compilation des écrits de Daisaku Ikeda sur une base thématique.

  • *1Myoho-renge-kyo s’écrit avec cinq caractères chinois, alors que Nam-myoho-renge-kyo en compte sept (nam ou namu étant composé de deux caractères). Dans ses écrits, Nichiren utilise souvent Myoho-renge-kyo comme synonyme de Nam-myoho-renge-kyo.
  • *2Bodhisattvas surgis de la Terre : une multitude innombrable de bodhisattvas qui surgissent de l’espace situé au-dessous de la terre et à qui le bouddha Shakyamuni confie la tâche de propager la Loi merveilleuse, ou l’essence du Sûtra du Lotus à l’époque de la Fin de la Loi.
  • *3Trois Grandes Lois cachées : principes fondamentaux du bouddhisme de Nichiren. Ce sont l’objet de vénération de l’enseignement essentiel (le Gohonzon), le Daimoku de l’enseignement essentiel (Nam-myoho-renge-kyo) et le lieu de culte de l’enseignement essentiel (où le Gohonzon est enchâssé). On les qualifie de cachés parce qu’ils sont implicites dans le texte du chapitre « Durée de la vie » du Sûtra du Lotus.
  • *4Extrait du Sens profond du Sûtra du Lotus de Tiantai.
  • *5Monde des trois plans : monde des êtres ignorants qui transmigrent au sein des six voies de l’existence (de l’état d’enfer à celui de bonheur temporaire). Le monde des trois plans comprend, selon un ordre ascendant, le monde du désir, le monde de la forme et le monde sans forme. Au sens large, cette expression renvoie au monde saha dans lequel nous vivons.
  • *6Six voies : cela désigne les six états inférieurs parmi les dix états (ou dix mondes) ─ c’est-à-dire les états d’enfer, d’avidité, d’animalité, d’asura, d’humanité et de bonheur temporaire.
  • *7Le monde saha : notre monde, qui se caractérise par une multitude de souffrances. Souvent traduit par le monde de l’endurance. En sanskrit, le terme saha signifie la terre ; il dérive d’une racine qui signifie « supporter » ou « endurer ». C’est pourquoi, dans les versions chinoises des textes bouddhiques, saha est rendu par la notion d’endurance. Dans ce contexte, le monde saha désigne un monde dont les habitants doivent endurer des souffrances.