Partie 3 : Kosen rufu et la paix mondiale
Chapitre 27: La relation de maître et disciple est au cœur de la Soka Gakkai [27.4]

27.4 La relation de maître et disciple est l’élément essentiel dans le bouddhisme de Nichiren

En citant des passages des Écrits de Nichiren, le président Ikeda explique que l’unité du maître et du disciple est la voie qui garantit la pérennité du courant de kosen rufu pour l’éternité.

Que devrions-nous faire en priorité pour avancer ensemble dans l’unité, selon le principe de « différents par le corps, un en esprit » ? Il faut que chacun de nous mette cet esprit d’unité entre maître et disciple au centre de sa vie. En effet, partager le même cœur et le même esprit que notre maître est la clé pour nous, qui formons un rassemblement d’individus différents, unis autour d’une seule et même cause, et c’est ainsi que nous pourrons incarner ce principe de « différents par le corps, un en esprit ».

Nichiren a donné cet enseignement à ses disciples, les frères Ikegami, qui s’entraînaient sincèrement dans leur pratique bouddhique dans un contexte particulièrement éprouvant : « Même si mes propos peuvent vous sembler présomptueux, vous devriez vous unir et rendre hommage à Nichiren. Si vous n’agissez pas tous deux en harmonie, alors il est certain que vous ne bénéficierez plus de la protection des [bouddhas et des divinités célestes]. » (WND-II, 914)

Harmoniser notre cœur avec celui de notre maître et approfondir notre détermination à faire avancer kosen rufu sont la clé pour établir une unité solide, selon le principe de « différents par le corps, un en esprit ». C’est grâce à une telle unité que nous pouvons vraiment activer le pouvoir éclatant de la Loi merveilleuse.

J’aimerais partager ici avec vous d’autres passages des Écrits de Nichiren :

« Ceux qui se présentent comme mes disciples et qui pratiquent le Sûtra du Lotus devraient tous le pratiquer comme moi. Alors, Shakyamuni, Maints-Trésors, les émanations de Shakyamuni dans l’ensemble des dix directions, et les dix filles rakshasa1 les protégeront. » (Écrits, 989)

*

« [Il est dit dans le Sûtra du Lotus :] “Quand on est proche des maîtres de la Loi, on accède très vite à la voie de l’éveil. Si l’on suit ces maîtres et que l’on apprend d’eux, on verra autant de bouddhas que de grains de sable dans le Gange.” » [cf. SdL-X, 170] (WND-II, 375)

*

« Si des croyants laïcs et leur maître prient sans unité de cœur, leurs prières seront aussi futiles que si l’on essayait d’allumer un feu sur de l’eau. » (Écrits, 801)

*

« […] oublier le maître originel qui nous a apporté l’eau de la sagesse puisée dans le grand océan du Sûtra du Lotus pour suivre quelqu’un d’autre à la place nous conduira sûrement à sombrer dans les souffrances incessantes des naissances et des morts. » (Écrits, 752)

Comme ces paroles d’or l’indiquent, la relation de maître et disciple est fondamentale dans le bouddhisme de Nichiren.

Le disciple direct et successeur de Nichiren, Nikko Shonin, écrit :

« Dans l’enseignement de Nichiren, on atteint la bouddhéité en suivant correctement la voie de maître et disciple. Si l’on s’écarte ne serait-ce que légèrement de la voie de maître et disciple, alors, même en gardant le Sûtra du Lotus, on tombera inévitablement dans l’enfer aux souffrances incessantes2. »

Lutter dans la foi avec le même esprit que le maître est fondamental pour atteindre la bouddhéité. C’est aussi la grande voie qui garantit la pérennité du courant de kosen rufu pour l’éternité.

Comme je l’ai dit maintes fois dans le passé, l’esprit d’unité entre maître et disciple est l’élément crucial qui distingue Nikko Shonin des cinq moines aînés3, qui trahirent Nichiren. Nikko Shonin déclarait avec fierté être un disciple de Nichiren, qu’il révérait à juste titre comme le bouddha de l’époque de la Fin de la Loi. En revanche, les cinq moines aînés, par crainte des persécutions et pour gagner la faveur des autorités, se présentaient comme des moines de l’école Tendai.

En outre, les cinq moines aînés brûlèrent ou détruisirent par d’autres moyens les objets associés à leur maître qui les gênaient ou dont ils avaient honte, notamment des lettres écrites par Nichiren dans la langue du peuple et adressées à des personnes ordinaires. Seul Nikko Shonin conserva précieusement ces écrits vernaculaires4, convaincu qu’à un moment donné, dans l’avenir, ils seraient traduits et transmis en Chine, en Inde et dans le monde entier (cf. GZ, 1613 [GZ, nouvelle édition, 2190]).

Ici, la différence flagrante réside dans le fait que Nikko Shonin conserva fidèlement l’esprit d’unité entre maître et disciple, tandis que les cinq moines aînés le trahirent.

Kosen rufu s’accomplit quand les disciples adoptent le même esprit que leur maître. Sans le pilier solide constitué par la relation de maître et disciple, nous sommes facilement emportés par nos propres émotions et par les tendances du moment, et nous cédons vite et abandonnons dès que notre foi est mise à l’épreuve.

Durant plus de cinquante années après la disparition de Nichiren, Nikko Shonin poursuivit la lutte solennelle fondée sur l’unité du maître et du disciple. Grâce à sa détermination inébranlable de corriger ce qui est erroné et de révéler ce qui est juste, il démentit totalement toutes les affirmations erronées des cinq moines aînés.

Cinquante ans se sont écoulés depuis la disparation de M. Toda [le 2 avril 1958]. Je ne doute pas que mes efforts, en tant que disciple direct, ont permis d’établir un modèle durable de ce que signifie suivre la voie d’un disciple, la voie d’un successeur, et la voie de l’unité du maître et du disciple.

Extrait d’un discours prononcé à la conférence des administrateurs de la région Tokyo II, Tokyo, le 5 avril 2008

La sagesse pour créer le bonheur et la paix est une compilation des écrits de Daisaku Ikeda sur une base thématique.

  • *1Dix filles rakshasa : dix divinités féminines protectrices, qui apparaissent dans le chapitre « Dharani » du Sûtra du Lotus (26e), où elles sont présentées comme les « filles des démons rakshasa » ou les « dix filles rakshasa ». Elles font devant le Bouddha le vœu de garder et de protéger les pratiquants du Sûtra.
  • *2Traduit du japonais. Nikko, « Sado no kuni no hokkekoshu no gohenji » (Réponse aux croyants de la province de Sado), dans Kamakura ibun (Documents de la période de Kamakura), compilé et édité par Rizo Takeuchi, Tokyo, Tokyodo Shuppan, 1988, vol. 37, p. 25.
  • *3Cinq moines aînés : cinq des six moines désignés par Nichiren comme ses disciples principaux, mais qui trahirent ses enseignements après son décès. Parmi les six moines aînés, Nikko Shonin fut le seul à transmettre et à pratiquer correctement le bouddhisme de Nichiren.
  • *4Les maîtres bouddhistes de l’époque écrivaient presque tous exclusivement en chinois classique, tandis que Nichiren employait souvent le japonais ordinaire – il mêlait à son texte des mots retranscrits selon l’écriture phonétique japonaise pour le rendre accessible aux non-érudits. Les disciples qui se préoccupaient de leur réputation cherchèrent donc à prendre de la distance par rapport aux écrits vernaculaires de leur maître. Finalement, ils voulaient avoir l’air d’appartenir à une élite et méprisaient les efforts bienveillants déployés par leur maître pour encourager les personnes ordinaires.